Projet Tiohtià:ke: pour une histoire autochtone de Montréal

En partenariat avec le Conseil Mohawk de Kahnawake et Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal.


Montréal vit présentement une époque de réconciliation avec les Peuples autochtones comme elle n'en a jamais connu auparavant. Ajout de symboles autochtones sur le drapeau et les armoiries de la ville; création du poste de Commissaire aux Affaires autochtones; élection d'une première conseillère de ville issue des Premières Nations; colline d'Outremont rebaptisée d'un nom d'origine mohawk; reconnaissance de Montréal comme territoire ancestral autochtone... Les évidences ne manquent pas. Toutefois, cette réconciliation vient avec son lot de défis, et la difficulté à les surmonter révèle la profondeur de l'ignorance ou de l'indifférence des citoyens à l'égard de l'histoire autochtone de leur ville. Ce projet de partenariat vise à remédier à cette lacune d'importance. D'abord en documentant le passé reculé des premiers habitants de la ville à travers l'archéologie. Ensuite en mettant en lumière une forme de connaissance méconnue, la tradition orale, qui a quelque chose à dire sur cette histoire ancienne. En adoptant une approche décolonisée et collaborative, qui fait une plus large place aux voix et aux préoccupations autochtones, c'est une entreprise conjointe de construction du savoir qui se mettra en place et qui permettra de présenter une perspective plus respectueuse et plus balancée du passé autochtone, mais surtout une perspective mieux documentée. Éventuellement, l'ajout de données tirées de l'ethnohistoire, de la linguistique ou de la toponymie permettront de dresser un portrait encore plus complet de cette histoire encore trop parcellaire. À cet objectif d'acquisition de connaissances nouvelles s'en ajoute un second, tout aussi important, qui consiste à faire connaître cette histoire autochtone au plus grand nombre. C'est ainsi que d'importants moyens de partage des connaissances avec un grand nombre de publics cibles seront mis en oeuvre: d'abord les populations autochtones, bien entendu, mais aussi les citoyens de Montréal et de sa région, ensuite les spécialistes du milieu académique (chercheurs et étudiants), puis les élus, administrateurs et autres décideurs, et finalement les médias, les musées, les enseignants et tous ceux et celles qui, de quelque milieu qu'ils ou elles proviennent, s'intéressent à cette histoire multimillénaire. Il est surtout souhaité que ces connaissances nouvelles et fiables puissent alimenter le débat public (par exemple sur la difficile question de la reconnaissance de Montréal comme territoire ancestral autochtone, mohawk ou non) et qu'elles puissent éclairer les politiques publiques concernant les Peuples autochtones, à Montréal et ailleurs. Pour atteindre ces objectifs d'envergure, un nouveau partenariat de recherche et de partage des connaissances sera mis sur pied: le Projet Tiohtià:ke, nom mohawk qui signifie «Là où les nations se séparent». Des nations qui se séparent... après s'être nécessairement réunies, sur cette île. Car Montréal fut de tout temps un lieu de rencontre et d'échange, un carrefour où se sont croisés les peuples et les nations. Le projet de partenariat proposé ici s'inscrit dans cette même perspective de rencontre, cette fois la rencontre de talents et d'expertises variées et complémentaires: celles des Autochtones du Conseil Mohawk de Kahnawake, celle des muséologues de Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal, et celles des archéologues de l'Université de Montréal. Ce nouveau partenariat tripartite, auquel viendront éventuellement s'ajouter d'autres collaborateurs avec leurs propres spécialités, souhaite établir une structure de recherche stable et intégrée, inclusive et dynamique, qui aura le potentiel de contribuer à la réconciliation avec les Peuples autochtones, dans un contexte social qui n'y a jamais été aussi favorable.

Chercheur principal

Gates St-Pierre, Christian

Financement

Développement de partenariat

CRSH

2018 - 2020