AXES DE RECHERCHE

Le CIÉRA est un centre multidisciplinaire et interuniversitaire s’intéressant aux études autochtones au Canada et dans le reste du monde. Regroupant des chercheurs en sciences sociales, en droit, en sciences de la santé, en foresterie, en géographie, en histoire et autres domaines, le CIÉRA mène des projets caractérisés par la collaboration entre chercheurs et les partenariats avec les communautés autochtones. Cinq axes définissent les priorités de recherche du centre.

Axe 1- Culture et histoire

Dans de nombreuses communautés au Québec, au Canada et ailleurs, la tradition orale reste une importante source de repères, de sens et d’identité, de même qu’une voie privilégiée pour saisir l’histoire des populations autochtones. L’histoire des Premières Nations au Canada a été marquée par la sédentarisation, la dépossession de leurs terres, les lois sur les Indiens et les rapports coloniaux. Encore aujourd’hui, les relations entre l’État et les peuples autochtones et entre autochtones et allochtones sont empreintes des anciens rapports coloniaux. Cette histoire a laissé sa marque dans la culture de ces populations. Beaucoup adoptent des stratégies d’affirmation et de reconstruction de leurs traditions culturelles qui ont été confrontées, un peu partout, à des entreprises de christianisation, de commercialisation, de sédentarisation, et d’interventionnisme gouvernemental. Les chercheurs du CIÉRA s’intéressent depuis longtemps aux traditions autochtones, à l’oralité, aux cosmologies et aux productions culturelles. Les travaux de cet axe étudient l’art contemporain autochtone, la culture traditionnelle, le métissage esthétique et les rapports historiques et coloniaux.

Axe 2 – Communautés, conditions de vie et développement des ressources

Les processus de colonisation ont été de puissants facteurs de changements géographiques, que ce soit par la réduction des aires culturelles, la relocalisation des communautés, ou encore l’expansion des activités d’extraction des ressources dans les territoires patrimoniaux. Ces changements ont eu d’importants impacts sur les conditions de vie des populations autochtones, qui vivent dans des conditions économiques et sociales désavantageuses par rapport au reste de la population canadienne. Les autochtones répondent à cette problématique en affinant leurs outils de gestion afin de maintenir, ou de rétablir, des milieux de vie sains, capables d’assurer le mieux-être de leur population. Cet axe documente les conditions de vie des communautés autochtones et examine les facteurs qui fragilisent leur mieux-être, tant au niveau politique, économique, social, qu’environnemental. En réponse aux inégalités qui persistent par rapport au reste de la population, les chercheurs, de concert avec les organisations et communautés autochtones, développent des stratégies d’adaptation et de nouveaux modèles d’exploitation des ressources.

Axe 3 – Statut juridique et politique

De nombreuses organisations autochtones, au Canada et dans le monde, se sont créées, depuis 1974, afin de revendiquer leurs droits et leur territoire. En plus de remettre en question la diplomatie traditionnelle, liée habituellement à l’État, les communautés autochtones ont redessiné le fédéralisme canadien et américain en instituant des régimes de gouvernance à niveaux multiples. Au niveau juridique, la reconnaissance de droits ancestraux par les juges canadiens a modifié les relations entre l’État et les populations autochtones en les obligeant au dialogue constant ; l’État n’est plus le seul propriétaire des terres et ressources. Les relations juridiques sont ainsi passées d’une logique de subordination à une logique d’interdépendance. Bien que ces avancées politiques et juridiques aient permis d’accroître la gouvernance autochtone, elles n’ont cependant pas permis de décoloniser les relations entre l’État et ces populations ; ces derniers gardent le même statut juridique et n’acquièrent généralement que peu d’autonomie lors de leurs négociations avec l’État. Ces relations entre les groupes autochtones et les États sont l’objet d’étude de ce troisième axe. Les chercheurs y analysent les formes de résistance autochtone face aux structures coloniales, les transformations politiques et le rôle qu’y jouent les organisations politiques autochtones. Le CIÉRA étudie également les enjeux de gouvernance et de revendication des droits territoriaux.

Axe 4 – Langue et transmission des savoirs

Cet axe s’intéresse à la construction et la transmission des savoirs et des langues en milieu autochtone. Avec la colonisation de l’Amérique, le système d’éducation européen a été imposé aux communautés autochtones à travers, entre autres, le système des pensionnats aux États-Unis, au Canada et en Australie. Cette colonisation de l’éducation, conjuguée à plusieurs autres facteurs, dont la marginalisation socio-économique et le racisme, a eu des conséquences importantes sur l’état des savoirs traditionnels, leur transmission et la préservation de la langue. Puisque leur langue et culture n’étaient pas enseignées et valorisées à l’école, les savoirs traditionnels sont en péril dans beaucoup de communautés. Il en est de même pour les langues autochtones qui sont, pour nombre de communautés, de moins en moins parlées par les générations plus jeunes. Pour changer cette situation, les communautés et chercheurs s’emploient à décoloniser le système d’éducation en intégrant, au sein du système actuel, les cultures et les langues autochtones, et en appliquant des perspectives autochtones à l’enseignement. Les chercheurs de cet axe s’inscrivent dans cette perspective en étudiant la revitalisation des langues et des savoirs en partenariat avec les communautés et divers intervenants des milieux éducatifs. Ils travaillent également à mieux saisir les processus d’éducation et s’interrogent sur les besoins et les expériences de ces populations.

Axe 5 – Santé, guérison et mieux-être

Cet axe concerne la place qu’occupe la santé au sein des sociétés autochtones contemporaines. Les autochtones, historiquement dépossédés de leur territoire et privés des ressources matérielles et symboliques qui supportaient leur mode de vie, en reprennent aujourd’hui le contrôle en s’impliquant dans la gouvernance des services de santé et des services sociaux. Ils instaurent des programmes qui allient pratiques modernes et traditionnelles, qui combinent savoirs académiques et savoirs autochtones. Leur implication dans la gouvernance a aussi pour objectif d’orienter le mode de fonctionnement des institutions essentielles à leur milieu de vie, en faisant du territoire un lieu où guérir, soigner, se ressourcer et pratiquer sa spiritualité. Les recherches du centre se subdivisent en trois dimensions:
1) elles se penchent sur les déterminants de la santé dans les populations autochtones et leurs conséquences sur la santé physique et mentale;
2) elles mettent en lumière certaines conséquences de l’application de pratiques de santé étrangères sur les familles autochtones; 3) elles permettent de mieux comprendre les pratiques traditionnelles et culturelles en matière de santé.