AXES DE RECHERCHE

Le CIÉRA est un centre multidisciplinaire et interuniversitaire s’intéressant aux études autochtones au Canada et dans le reste du monde. Regroupant des chercheurs en sciences sociales, en droit, en sciences de la santé, en foresterie, en géographie, en histoire et autres domaines, le CIÉRA mène des projets caractérisés par la collaboration entre chercheurs et les partenariats avec les communautés autochtones. Quatre axes définissent les priorités de recherche du centre.

Axe 1- Cultures, pratiques et savoirs autochtones

Les mouvements de résurgence et de réappropriation culturelles qui ont marqué les dernières années influencent désormais toutes les sphères de la vie politique et sociale en raison de la visibilisation des savoirs et des modes de connaissance et de transmission qu’ils ont entraînés. Les récits et la tradition orale de même que les productions artistiques contemporaines posent, dans les travaux les plus novateurs, les questions de leurs valeurs et de leurs portées, par exemple normatives et politiques. C’est à ce chantier majeur qu’une partie des membres de l’axe 1 consacrent leurs efforts. Ainsi, les membres de l’axe 1, leurs collaborateurs et partenaires, documentent non seulement les différentes formes de savoirs et de connaissances culturelles et artistiques, techniques et scientifiques autochtones, mais aussi leurs sens et leurs portées. Conscients des enjeux liés à la cohabitation de ces savoirs et connaissances avec les structures et institutions non autochtones, les membres étudient les transformations de ces cultures, pratiques et savoirs, mais aussi les modes de transmission, par exemple de la tradition orale, mobilisés par les nations autochtones. La documentation des parcours et récits biographiques autochtones et le recours à différentes épistémologies, notamment du genre ou décoloniales, ainsi qu’à la recherche-création, permettent de mieux comprendre, critiquer ou contribuer à cette transmission. Enfin, les enjeux liés à la revitalisation, à la promotion, à la réappropriation et à la pérennité des langues autochtones, particulièrement dans le contexte du Québec où ces langues coexistent avec une langue minorisée, font l’objet d’une attention spécifique dans le cadre de l’axe 1 de manière à faire écho à la Décennie internationale des Nations Unies sur les langues autochtones portée par l’UNESCO.

Axe 2 – Rapports en peuples autochtones, structures et institutions

Les membres de l’axe 2, leurs collaborateurs et leurs partenaires, étudient les rapports qu’entretiennent les peuples autochtones et les structures et institutions étatiques et non étatiques (culturelles, socioéconomiques, politiques ou juridiques). Ils étudient les structures et institutions non autochtones issues du néolibéralisme et du colonialisme ainsi que leurs influences ou impacts sur les peuples autochtones [ex. : Église et pensionnats; conceptions du développement et économie de marché (emploi, formation professionnelle et entrepreneuriat); institutions du numérique]. Cela les amène à analyser les rapports à la marginalité et les expériences de la marge. Ils interrogent l’offre et l’accessibilité des services publics aux personnes autochtones dans des perspectives à la fois historiques et contemporaines et la représentation et représentativité de ces services. Ils documentent, finalement, les processus historiques et contemporains de rencontres, de résiliences et de résistances autochtones au sein de ces structures et institutions. Les expériences individuelles et récits biographiques sont ici pertinents.

Axe 3 – Gouvernance autochtone et autodétermination

Les travaux sur la gouvernance, l’autodétermination et les ordres et traditions juridiques autochtones sont marqués par une forte innovation, notamment sous l’impulsion des travaux du Indigenous Law Research Unit de l’Université de Victoria. Les travaux menés au sein de ce Laboratoire, d’autres auteurs et ceux émanant des acteurs du milieu mettent en lumière la normativité propre aux différentes nations. Ces travaux renforcent les capacités de gouvernance des nations et déconstruisent l’idée qu’il existerait, chez les peuples autochtones, une absence radicale de normes juridiques. Les cochercheurs contribuent à ce débat par leur travail en partenariat et de soutien aux nations, par leur production scientifique ou encore par l’étude des différents mécanismes de régulation. Ces travaux rejoignent aussi ceux menés dans le cadre de l’axe 1. Ainsi, les membres de l’axe 3, leurs collaborateurs et partenaires, travaillent sur les modalités de la gouvernance autochtone et, plus spécifiquement, sur les expressions politiques et juridiques de l’autodétermination et des souverainetés autochtones ainsi que les questions qu’elles posent à l’égard, par exemple, de la souveraineté de l’État. Parallèlement, ils s’intéressent aux interactions entre les formes de gouvernance autochtone et non autochtone et les mécanismes politiques et juridiques permettant cette coexistence (ex. : alliances, accords et traités, consentement, consultation et participation). Cela les amène à documenter les différentes manières dont s’exprime la gouvernance autochtone (ex. : constitutions, protocoles, régulation sociale et communautaire, citoyennetés, structures, prévention et règlement des conflits, gouvernance économique et culturelle) ainsi que les espaces d’autonomie.

Axe 4 – Territoires et territorialités

La place centrale du territoire dans la vie des individus et des peuples autochtones, de manière
contemporaine et historique, n’est plus à démontrer. Source de la vie, de la langue et de la culture, les multiples relations à la terre et aux territoires ont été documentées par les cochercheurs du CIÉRA et leurs partenaires dans leurs travaux antérieurs, comme d’ailleurs les moyens et les formes de dépossession et de réappropriation territoriales. Poursuivant leur travail sur ces questions, les membres, leurs collaborateurs et partenaires, dont les recherches se rapportent à l’axe 4 analysent les rapports autochtones aux territoires (identités; savoirs et pratiques; valeurs et représentations; bien-être, santé et médecine; urbanités), les processus de dépossession territoriale et les modalités de la coexistence territoriale. Ainsi, ils explorent la gouvernance territoriale et les stratégies autochtones de valorisation, de possession et de protection du territoire. Ils mettent en lumière les processus, les techniques et les stratégies de dépossession territoriale et leurs conséquences. Ils documentent, analysent et critiquent les mécanismes de la coexistence territoriale.