Conférence de Clarisse Sidney
Jeudi 14 novembre 2024 | Entre 12h30 et 13h30
« La formation supérieure revêt une importance stratégique pour faire face aux politiques publiques et favoriser le renforcement des savoirs autochtones »
Gersem José dos Santos Luciano, du Peuple Baniwa, Professeur autochtone à l’université fédérale de l’État d’Amazonas (Brésil).
À partir de la constitution brésilienne de 1988 et de la mise en place d’une éducation scolaire autochtone, différenciée, spécifique, interculturelle et bilingue, la présence d’étudiants autochtones dans l’enseignement supérieur connait une croissance notable. L’inclusion des étudiants autochtones dans les universités, ne s’appuie pas seulement sur les actions affirmatives telles que la loi sur les quotas de 2012, mais elle est également possible grâce aux transformations éthico-politiques et épistémologiques contre-hégémoniques à l’œuvre dans les curricula, les pratiques d’enseignement et de recherche au sein de l’université.
À partir du concept d’épistémologie de frontière formulé par le sémiologue Walter Mignolo, je décris des praxis décoloniales à l’œuvre, dans les productions académiques des étudiants autochtones diplômés de la Maîtrise en éducation scolaire autochtone (Programa de Pós-Graduação em Educação Escolar Indígena) à l’université fédérale du Pará au Brésil.
Cette contribution s’inscrit dans une tentative de répertorier des avenues possibles de décolonisation de l’université dans le contexte brésilien. Elle s’appuie sur les perspectives critiques de la colonialité du pouvoir et du savoir, formulées par le groupe Modernité/Colonialité.
Candidate au doctorat en science des religions (UQAM), Clarisse Sidney s’intéresse à l’inclusion des savoirs autochtones et afro-brésiliens dans les universités fédérales et provinciales de l’état du Pará, qui développent leurs curricula dans une optique de médiation entre la société nationale et les peuples d’Amazonie, selon les principes d’une université intégrée dans son milieu. Ses recherches portent sur les dialogues interépistémiques initiés par les jeunes chercheurs issus de groupes autochtones et afro- brésiliens, dans une approche interculturelle critique et décoloniale.