Concurrence des modes d'occupation du territoire dans l'Abitibi pré-coloniale (1890-1912)

Le phénomène colonial représente au Québec une réalité complexe, à la fois sociale, politique, économique et culturelle, dont il reste encore bien des facettes à explorer. Le projet que nous proposons vise à entamer une vaste réflexion sur les caractéristiques spécifiques de ce colonialisme, afin de mieux comprendre le rapport entre le discours tenu à son sujet par les élites canadiennes-françaises, les réalités vécues par les colons envoyés défricher des terroirs éloignés, la concurrence des modes d’occupation du territoire proposés, et surtout les impacts sur les populations autochtones fortement invisibilisées. Nous sommes encore loin de pouvoir présenter une chronologie large du mouvement colonial québécois (Greer, 2019), mais nous proposons de contribuer à cette étude en nous penchant tout d’abord sur l’une des dernières régions où le projet colonial canadien-français s’est déployé, l’Abitibi, qui constituait alors la partie septentrionale du vaste comté de Pontiac, au nord du Témiscamingue. [...] La recension et l’examen attentif de ce corpus littéraire qui vise une région spécifique (l’Abitibi) sur une durée temporelle limitée (entre 1890 et 1912) devrait permettre de jeter les bases d’une meilleure compréhension du phénomène colonial canadien-français dans l’une de ses phases les plus abouties.